La santé sexuelle des adolescents en Amérique latine

La santé sexuelle : essentielle pour garantir les droits des adolescents

La santé sexuelle et reproductive permet notamment de prévenir les violences sexuelles et d’éviter des grossesses non désirées. Lorsqu’un jeune est informé, il peut défendre ses droits et demander de l’aide si besoin. En l’absence de sensibilisation et d’éducation, les adolescents sont plus vulnérables et exposés aux violations de leurs droits.

Pourtant, l’éducation à la santé sexuelle et reproductive n’est pas universelle

En Amérique latine, de nombreux pays esquivent, voire interdisent, la mise en place d’une information complète et adaptée pour tous les adolescents. Dans ces pays à tendance conservationniste, parler de santé sexuelle et reproductive ouvertement est encore compliqué. Cette thématique, directement liée à la liberté sexuelle de la femme et de ses droits, est particulièrement difficile à traiter dans les régions rurales.

Au Guatemala, alors que la loi interdisait déjà la mise en place de programmes d’éducation à la santé sexuelle et reproductive au sein des écoles, une nouvelle loi vient interdire « aux entités éducatives publiques et privées de promouvoir auprès des enfants et adolescents des politiques ou des programmes qui tendent à dévier leur identité de leur identité sexuelle de naissance ».

Le manque d’éducation, un fléau

Le manque de connaissance est un véritable fléau dans l’ensemble des pays d’Amérique latine, notamment au Nicaragua qui fait partie des pays possédant le taux de fécondité le plus élevé au monde chez les jeunes filles âgées de 10 à 14 ans. Alors que de nombreux pays interdisent l’avortement, les jeunes filles prennent parfois des risques pour leur santé en avortant illégalement.

Même lorsque la politique du pays soutient la mise en place d’une éducation sexuelle complète auprès des adolescents, l’enseignement n’est pas toujours véritablement respecté. En Argentine, alors que l’éducation sexuelle y est obligatoire depuis 2006, celle-ci est rarement effective au sein des établissements scolaires.

Au Costa Rica, une connaissance incomplète de la santé sexuelle et reproductive

Alors que le Costa Rica, petit pays d’Amérique centrale, offre un accès universel aux soins de santé et une éducation sexuelle complète dans les écoles secondaires, les services de santé existants et l’éducation à la sexualité et aux droits des enfants manquent malgré tout de qualité, d’inclusion et de prise en compte de la diversité culturelle.

Selon la Seconde Enquête Nationale sur la Santé Sexuelle et Reproductive, l’âge moyen du premier rapport sexuel est de 16 ans pour les hommes et 17 ans pour les femmes. Cependant, 20% des hommes et 14% des femmes déclarent avoir eu leur premier rapport sexuel avant l’âge de 15 ans. Parmi les adolescents ayant eu des rapports sexuels avant l’âge de 15 ans, 30 % des hommes et 60% des femmes le font avec une personne plus âgée de cinq ans ou plus.

Ces chiffres suggèrent que les adolescents, en particulier les filles, sont susceptibles de commencer leur vie sexuelle très jeune, parfois dans le cadre de relations abusives. En effet, les adolescents sont très souvent confrontés à une plus grande vulnérabilité en raison de leur exposition à des situations telles que les violences intrafamiliales et les abus sexuels.

Au niveau national, le taux de grossesse chez les adolescentes est de 56 pour 1 000 femmes âgées de 15 à 19 ans.

Améliorer la santé sexuelle des adolescents

Au Costa Rica, un programme de World Vision France encourage la santé sexuelle et reproductive  auprès des jeunes de 12 à 19 ans et agit afin d’améliorer la connaissance de leurs droits dans ce domaine. Ce projet, cofinancé par l’Union Européenne et World Vision Canada, s’établit sur deux ans. Les équipes de l’ONG travaillent en collaboration avec les organisations locales afin d’agir auprès de groupes de jeunes locaux, des centres éducatifs, des centres de santé et de la population pour améliorer la demande et l’offre de services de santé.

Les actions mises en œuvre

Dans le cadre du projet, World Vision France évalue et analyse les services de santé sexuelle et reproductive destinés aux adolescents. L’association humanitaire étudie également les connaissances et comportements des adolescents et des populations afin de connaître au mieux leurs besoins et y répondre de manière adaptée.

Campagnes de sensibilisation

Des campagnes itinérantes et numériques destinées aux jeunes sont mises en place dans les écoles secondaires et au sein des communautés.

Ces campagnes ont pour but de sensibiliser les jeunes et de diffuser des informations concernant la prévention contre les mariages précoces, l’importance de l’espacement des naissances et l’accès aux services et centres de santé. Ces deux campagnes, une par année, sont notamment diffusées via les réseaux sociaux. Elles permettent de démystifier le sujet de la santé sexuelle qui n’est pas toujours accessible pour les adolescents, en particulier pour les filles et les groupes de jeunes les plus vulnérables. Elles leur donnent les clés pour accéder à des informations de qualité.

Formations auprès des adolescents et des communautés

De plus, l’ONG humanitaire multiplie les moyens pour guider et former les adolescents, à l’école mais aussi en dehors, dans une perspective d’inclusion pour tous les jeunes. L’éducation sexuelle et affective doit être réfléchie et adaptée à chaque adolescent pour être efficace. Les séances d’éducation organisés auprès des jeunes sont enrichis par des outils de sensibilisation ludiques comme des courts métrages par exemple. Les jeunes formés peuvent à leur tour sensibiliser leurs amis et camarades et diffuser les informations.

Au sein des communautés ciblées par le projet, les équipes de World Vision France ont également formé une centaine d’adultes aux bases de l’éducation sexuelle pour la protection des enfants et adolescents. Ces derniers peuvent désormais sensibiliser le reste de la communauté afin que cette approche conduise à une action communautaire adaptée et perdure au-delà de la durée de vie du projet.

Via ses programmes de parrainage, World Vision France travaille pour que les communautés soient les plus autonomes possibles et à terme, n’aient plus besoin d’aide humanitaire. L’éducation, tout comme l’accès à la santé ou le développement économique, fait partie des clefs données aux nouvelles générations pour sortir du cercle vicieux de la pauvreté.

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