La forêt de Marsabit, dans le nord du Kenya, abrite de nombreuses espèces d’arbres, adaptées aux températures élevées et aux conditions climatiques difficiles de la région. En tant que forêt tropicale sèche, la plupart de ses arbres perdent leurs feuilles en période de sécheresse.
Au cours de ces périodes, de plus en plus fréquentes en raison du changement climatique, la forêt paraît « morte ». Une apparence très différente des forêts tropicales humides dont les arbres sont généralement verts tout au long de l’année.
En raison de cette apparence terne, la forêt a longtemps été négligée par les populations locales. Beaucoup ne la considèrent que comme une source de bois pour la production de charbon qu’ils vendent pour générer des revenus.
Cette situation a entraîné une destruction et une perte massive de la forêt. Cette dernière est pourtant une zone de captage d’eau majeure sur laquelle compte la majorité des habitants de Marsabit. La déforestation a également aggravé les effets néfastes du changement climatique, entraînant des précipitations peu fiables et insuffisantes qui affectent les cultures et l’élevage.
Sensibiliser les femmes au changement climatique
Pour sauver la forêt, l’ONG Vision du monde, membre du réseau World Vision International, travaille avec le Kenya Forestry Service (KFS) et la World Agroforestry (ICRAF) afin de sensibiliser les populations au changement climatique. Le projet « Regreening Africa » propose une formation sur les initiatives de reboisement et aide les habitants locaux à trouver des sources alternatives de moyens de subsistance qui ne détruisent pas la forêt.
Ces initiatives ciblent les habitants les plus vulnérables, en particulier les femmes, qui ont été les plus durement touchées par le changement climatique. Parmi les bénéficiaires, Joyce, âgée d’une cinquantaine d’années, dirige désormais un groupe de femmes Songa.
« En tant que femmes, nous avions l’habitude de couper beaucoup d’arbres dans la forêt pour faire du charbon de bois, car les sécheresses fréquentes nous empêchaient de compter uniquement sur l’agriculture ou l’élevage. Mais nous ne savions pas que c’était l’abattage des arbres qui avait contribué aux problèmes agricoles auxquels nous étions confrontés. La formation nous a ouvert les yeux sur cette réalité », raconte-elle.
Des formations au développement durable
Afin de les aider à stopper la production de charbon de bois, les femmes ont été formées à la plantation d’arbres fruitiers.
« J’ai des manguiers, des papayers, des avocatiers et des citronniers qui nous donnent différentes variétés de fruits. Mes enfants peuvent désormais manger équilibré grâce aux fruits et aux légumes. Je vends aussi des fruits pour gagner un peu d’argent et acheter d’autres produits de base », explique Joyce.
Grâce à la formation sur la plantation d’arbres, Joyce dispose également d’une pépinière avec des semis de divers arbres fruitiers, ainsi que des espèces d’arbres endémiques qui sont replantées dans la forêt pour remplacer celles précédemment coupées.
En plus de la plantation d’arbres, les femmes utilisent également la technique de régénération naturelle assistée (RNA) afin de stimuler la croissance d’arbres déjà présents grâce à des techniques d’élagage efficaces.
Outre la plantation d’arbres, le réseau World Vision International a également aidé des groupes de femmes du comté de Marsabit à acquérir des connaissances sur l’apiculture. Cette pratique permet aux femmes et à leurs familles de devenir plus résistantes face aux sécheresses en générant des revenus via la récolte de miel.